Quitter son pays pour rejoindre « l’autre rive »

L’évangile de ce dimanche nous renvoie à une actualité bien brulante ! Ce n’est pas d’abord les apôtres pris dans la tempête, qui me frappe, ni le fait que Jésus dort, mais cette parole de Jésus introductive de la péricope qui nous invite à passer sur l’autre rive, changer de territoire, changer nos habitudes.

Pour cela une grande confiance nous est toujours nécessaire, confiance en l’autre, confiance en soi, confiance en Dieu !

Depuis quelques temps nous assistons à un évènement qui ne cesse de s’intensifier : des dizaines de milliers voir des centaines d’hommes et de femmes, des enfants fuient ainsi leur terre pour passer sur l’autre rive.

Pas parce que leur pays ne leur plait plus, mais parce qu’ils fuient la guerre, parce qu’ils sont rejetés, parce qu’ils sont chrétiens, parce qu’ils ont faim …..

Ils rêvent à un autre monde, où ils espèrent être plus heureux, pour eux, pour leurs enfants. A leur place, n’en ferions-nous pas autant ? Pourtant beaucoup d’entre eux, nous l’avons vu de nos yeux, n’arriveront pas à bon port, d’autres se verront renvoyer à la case départ pour continuer à se faire exploiter. Et quand ils ont passés à travers les mailles du filet, ils vous disent qu’il vaut mieux vivre l’état de précarité de chez nous que l’enfer de là- bas !

Dans la barque Jésus dort …. Ces hommes et ces femmes persécutés, rejetés, mais aussi nous autres devant tant de misère et d’injustice, notre tentation est de réagir comme les apôtres ou les premiers chrétiens persécutés, de crier vers Dieu : “ Sauve-nous ! Nous sommes perdus! “

Jésus dort-il ? ou bien serait-ce nous ? Nous, refusant de voir venir le problème, nous, trop bien installés et ne pensant qu’à notre petit bonheur ! Ériger des murs ? Les renvoyer chez eux ? Si nous réveillons le Jésus que nous laissons dormir en nous, assurément il nous dira, comme aux apôtres : confiance, n’ayez pas peur, retroussez vos manches !

La mondialisation est là : ceux qui n’ont rien, ceux qui souffrent, savent désormais qu’un autre monde existe et ils veulent y goûter. Il s’agit maintenant de créer un monde autre qu’économique, un monde où le dominant n’écrase plus le dominé, un monde de paix, de justice et d’amour.

N’est-ce pas là le cri de l’Évangile, le cri de Jésus, la Parole l Chrétiens nous avons à faire entendre notre voix ! A nous d’inventer, à nous de susciter la justice !

Père Alain Schmitt, assomptionniste